Histoire de la poste à Saint-Louis-de-Gonzague de 1851 à 1970
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Histoire postale à Saint-Louis de Gonzague (1851-1970)
Le service postal a joué un rôle essentiel dans le développement de notre municipalité rurale. L'absence d'un réseau routier, du téléphone et de l'électricité a fait de ce moyen de communication un service essentiel pour garder contact avec les environs ou la parenté ou le reste du monde (beaucoup de citoyens venaient d'Europe).
L'épine dorsale du système postal en milieu rural est le chemin de fer et la poste ferroviaire. Le train comprend toujours un wagon dans lequel est fait le transport et le tri du courrier à bord.
Un service postal pour rester connecté au monde
La poste ne servait pas seulement à donner ou recevoir des nouvelles ou envoyer des colis, mais était fréquemment utilisée pour envoyer ou recevoir de l'argent. Ainsi, un travailleur éloigné de sa famille pouvait par l'intermédiaire de la poste, faire parvenir des sous à celle-ci avant son retour.
Certains employeurs utilisaient ce moyen pour payer les salaires de leurs employés. Les transactions se faisaient souvent en argent comptant ou par mandat.
Le courrier de la reine
Instauration
Nous sommes en 1851. Le service postal et l'instauration du timbre poste sont introduits à travers tout le Canada. C'est sous la responsabilité du gouvernement britannique, qui est une monarchie, que la reine Victoria créera ce service de la poste appelé: courrier de la Reine.
Le Penny Black est le premier timbre postal de l'histoire. Il a été émis le 1er mai 1840 au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande à l'initiative de Rowland Hill, pour un usage officiel à partir du 6 mai, dans le cadre de la réforme du système postal britannique destinée à faire désormais payer l'expéditeur plutôt que le destinataire. (source Wikepedia)
Livraison par train
Durant une période, il y aura deux bureaux de poste: le premier situé au village et localisé dans divers commerces. La population est de 3845 habitants en 1851. Quand le train, après plusieurs pourparlers, a finalement desservi Saint-Louis-de-Gonzague, il y aura un autre bureau de poste près de la gare (St-Louis Station) dans un commerce qui pesait les marchandises expédiées par train. Il a été en opération de 1888 à 1915.
Rappelons-nous que chacun va chercher le courrier qui lui est destiné.
Un happe-dépêches
Le train n'a pas besoin d'arrêter à chaque gare. Un système économique en temps pour le train est mis en place: l'on suspend à un poteau un sac de la poste et au passage le train ralentit et l'on attrape le sac pour l'emmener vers sa destination. Ce poteau s'appelle un HAPPE-DÉPÊCHES.
L'inverse se passe aussi. Si nul n'est besoin d'arrêter, on lance le sac, fait de tissu robuste, sur la plateforme de la gare et le chef de gare se charge de le ramasser. Et le train continue ..
(Remarquez sur la carte les points d'arrêt des trains)
En 1930, c'est la compagnie Canada Atlantic Railways qui passe à Saint-Louis
Maîtres de poste et postillons : bottes et mémoires au boulot
Au début, cette fonction est attribuée à des personnes bien connues et bien en vue dans la société en développement. Ce sont souvent des commerçants qui remplissent cette responsabilité. On peut penser que le fait qu'ils soient connus et qu'ils aient déjà un comptoir de service facilitent l'efficacité de la poste.
Pour être nommé "maître de poste" il est préférable d'être connu comme étant un loyal sujet au gouvernement d'Angleterre. Ainsi, monsieur John Symons, parmi les premiers pionniers à s'installer sur les terres de Saint- Louis-de-Gonzague, fût l'un d'eux.
À remarquer: La maison de John Symons à l'arrière plan existe encore aujourd'hui à son même emplacement, au 10 montée Séguin.
John Symons, un pionnier
Originaire d'Écosse, Il est considéré comme l'un des fondateurs de notre village. Défricheur, commerçant et meunier, il ajoutera à ses fonctions celle de maître de poste de 1851 à 1853. Il sera aidé par J.B.Scott. Son fils, John Symons Jr lui succédera dans cette responsabilité de 1853 à 1860.
Des métiers polyvalents
À cette période, le maître de poste cumule la fonction de transporteur et de distributeur de la malle du train au bureau de poste ou ce qui en tient lieu. Cette tâche est effectuée trois fois par semaine, soit mardi, jeudi, et samedi. Il est payé au millage effectué.
Dès le début, on constate que le maître de poste est un acteur clé dans tout le système postal en milieu rural.
Plus tard, cet emploi sera rempli par un et même deux postillons. Ceux-ci font le transport et la livraison dans les rangs à l'aide d'un cheval et d'une voiture.
Maitre de poste
Une fonction bien en vue
En 1911, le Canada avait à son emploi 19 000 maîtres de poste. Souvent, ce sont des femmes qui occupent ces fonctions. Une vingtaine de maîtres de poste et une quinzaine de postillons, dont l'employeur devient le gouvernement fédéral, ont travaillé à St-Louis de Gonzague depuis 1851.
1851 J. Symons
1860 A H Leclaire
1864 Léandre Vachon
1891Vital Brault
1904Hector Leduc
1906 Adélard Viau
1907 Emanuel Leduc
1908 George Robert
1918 Napoléon Meloche
1927 René Mageau
1927 Docino Guérin
1932 à 1934Rock Rodrigue Montpetit
1934 à 1937,Berthe Montpetit
1938 à 1973 Olier Dansereau
1973 Irma Maheu
1977 Germain Duranceau
1995 Fernande Langevin
---Denise Martin
2011 Alain Guay
Liste de postillons ou transporteurs de la malle
Saint-Timothée-Saint-Louis/ John Symons /1851-1853
Allan's Corners-Saint-Louis / John Symons Jr/ 1853-1860
Beauharnois- Saint-Louis/John Symons Jr /1860-1864, Bazile Paré/1864-1888, H. Laberge/1888-1889, C. Trépanier/1889-1894, J. David/1894-1897, T.Daigneault /1897-1901, X.Daigneault/1901-1904, E. Campbell/ 1904-1908, H. Pinsonneault /1909-1914
Parmi d'autres personnes qui assureront ce service de 1851 à 1970, mentionnons: T.Laplante, N.Léger, Albini Brisson, Joseph Payant dit Montcalm, Henri Burnham, Gaston Meloche et sa conjointe Hélène Riendeau, René Girard, Raymond Meloche et sa conjointe Madeleine Gendron.
Un village en croissance
Jusqu'en 1955, il n'y avait pas de nom de rue dans le village, sauf la rue Principale et aucun numéro civique sur les portes ou boîtes aux lettres. Au village en fait, il y avait deux rues désignées comme suit: la grande rue(Principale) et la petite rue (Saint-Joseph et Sainte-Anne). Dans la campagne, les rangs avaient une appellation: rang du 40, une section du rang du 3, du 5, du 6, du 30, montée McCormick, Rivière nord et Rivière Sud. et le rang Sainte-Marie.
Le maître de poste et le postillon devaient connaître de mémoire tous les citoyens et leur domicile, surtout dans les rangs.
Fréquence d'utilisation.
En janvier 1843, lors de la Commission parlementaire sur la poste coloniale, John Ross, maître de poste à Beauharnois indique qu'il reçoit ou envoie environ 40 lettres par année en franchise postale.
Pèse-lettre et balance
Le pèse-lettre demande de la précision car cet appareil sert à peser les envois de courrier et à déterminer le coût de l'affranchissement (timbre). Les colis sont pesés sur une balance plus robuste et l'utilisateur paie au poids.
Le tampon et le cachet oblitéré.
Ce tampon servait à imprimer une marque postale sur une lettre ou un colis. Le tampon est une plaque en métal ou en élastomère gravée, qui appliquée sur un coussin d'encre identifie la provenance de l'envoi et la date. Ces deux informations sont importantes surtout pour les avis légaux. La forme du tampon peut varier mais est souvent circulaire ou carré. Plus tard, ce même cachet sera apposé sur le timbre afin qu'il ne soit pas réutilisable.
(ici oblitération du 18 juin 1940 après-midi)
Une pièce de collection
Depuis le début des années 30, le service postal s'est doté d'un comptoir amovible en bois comprenant des casiers et des coffrets sécurisés ainsi que des espaces pour les colis. La société historique de St-Louis-de Gonzague conserve et met en valeur un des rares comptoirs postaux encore existants.
Le comptoir est composé de casiers accessibles par l'arrière par le maître de poste et de casiers à code utilisables directement par l'avant. Le client paiera des frais supplémentaires pour ce libre-service.
À la poste: On s'y rend.
Les citoyens qui n'avaient pas de casier devaient attendre leur tour afin que le maître de poste vérifie dans la pile de lettres non classées s'il y avait du courrier à leur intention. Souvent, de mémoire, il pouvait dire: "Pas de malle aujourd'hui".
Chien rapporteur de courrier
Monsieur Stanislas Léger est un homme âgé qui a de la difficulté à marcher. La poste n'est pas très loin de son domicile mais pour s'éviter des pas inutiles, il a dressé son petit chien et celui-ci peut se rendre à la poste et lui rapporter son courrier, après bien-entendu, une entente avec le maître de poste.
D'élection en élection
1906-1907 Comptoir postal - Magasin Adélard Viau
Le comptoir se devait d'être mobile pour plusieurs raisons, mais l'une des principales est que lorsqu'il y avait des élections au gouvernement fédéral et s'il y avait un nouveau partie au pouvoir, il y avait systématiquement un changement de maître de poste. Alors, on déménageait le comptoir chez le nouveau maître de poste. Certains écrits relatent cette pratique et plusieurs citoyens ont été témoins de cette coutume de "partisannerie" inscrite pour ainsi dire comme une tradition, d'élection en élection.
D'élection en élection
1908-1917 Comptoir postal - Magasin Robert
D'élection en élection
1927-1934 Comptoir postal - Salon Larin
(Arthur Vinet, propriétaire)
151 rue Principale.
D'élection en élection
1934.1937 Comptoir postal - Restaurant John Léger
141 rue Principale
Le restaurant, aujourd'hui démoli, était attenant à la maison. On remarquera sur la photo la plaque de ciment qui demeure et servait à l'entrée du restaurant.
D'élection en élection
1937-1973 Comptoir postal - Olier Dansereau
118 rue Principale
Beaucoup de changements
Le service de poste est passé par tous les moyens de transport reliés à son existence.
Quand nous apposons un timbre sur une enveloppe, nombreux sont les pionniers et artisans qui ont contribué à créer ce service. La poste demeure une fenêtre qui nous garde en relation avec un territoire appelé « le monde ».
Et aujourd'hui ?
Le service postal a connu une évolution parallèle au progrès social depuis 1851.
Actuellement, un maître de poste engagé à temps plein assure l'envoi et place le courrier dans les boîtes aux lettres à clé. On connaît le libre-service. La livraison dans les rangs est faite cinq jours semaine et toujours dans les boîtes à malle au bord du chemin.
L'arrivée d'Internet a diminué les envois postaux mais par contre l'achat en ligne occasionne plusieurs livraisons par la poste. L'achat par catalogue avait précédé cette pratiaue.